Comment aborder la Seine
La Seine...
Pêcheur régulier de fleuve ou de rivière, en particulier la seine, je me suis vite aperçu qu’il faudra apprivoiser ce cours d’eau et que rien ne sera facile, qu’il me faudra un moral d’acier et une patience hors norme pour y déloger des carpes. Le nombre de pêcheurs croissants, la surpression de pêche, la présence des silures en nombre ont changé la donne.
Par conséquent, je n’hésite plus à m’éloigner des endroits trop fréquentés, quitte à charger mon matériel sur mon Goldbaits 330 pour accéder à des postes inaccessibles du bord. Je ne compte plus sur les doigts des deux mains le nombre de postes que j’ai créés.
Il ne s’agit là que de mon expérience et une façon de faire parmi tant d’autres. Elle me vaudra de bons et forts moments d’émotions, parfois des déceptions, mais tous mes postes ont fini par produire des poissons !
Dans un premier temps, il est important de consacrer du temps à se promener au bord de ce fleuve afin de faire de nombreux repérages visuels. Je vais m’orienter plus vers des endroits que les pêcheurs ne fréquentent pas pour des raisons d’accès difficiles. Le fait de ne pas pouvoir amener la voiture à côté du poste pour y déposer le matériel encombrant qu’on possède en rebute plus d’un.
Donc première chose, fuir la facilité et la pression de pêche.
Je ne cherche pas absolument à repérer le poisson, chose qui est très compliquée et aléatoire ici, (contrairement aux grands lacs), excepté peut-être à la période de la fraie où les carpes se rassemblent et sont moins méfiantes, ou lors des périodes estivales où le poisson remonte en surface pour s’oxygéner. En dehors de ces périodes il est très rare de voir des poissons. Puis personnellement je préfère ne pas les voir, sachant qu’ici il s’agit souvent d’un poisson de passage. Je privilégie le spot, si le spot est bon, les carpes seront présentes.
Je préfère me consacrer à ma vision de l’eau et à mes ressentis. Souvent je pars me promener sur les berges à pied ou même en vélo, vers des secteurs que je définis à la maison, à l’aide de cartes IGN ou des sites internet comme Géoportail ou Google Earth. Lors de ces sorties je repère ce qui me semble être intéressant pour notre pêche. Je ne vous apprends rien en vous disant que les postes où règnent les nénuphars, les herbiers, voire les buissons et arbres qui plongent dans l’eau sont des postes de premier choix, mais pas que… Des postes sont productifs alors qu’aucun de ces éléments sont présents.
Comme vous le savez, il y a toujours ces fameuses cassures avant « d’attaquer » le lit de la rivière. Malheureusement celles-ci ne sont pas visibles de la berge, et certaines de ces cassures sont plus intéressantes que d’autres.
Je recherche sur ces cassures un détail différent, comme une souche, un rocher ou quelque chose qui va se différencier du reste. Ma recherche va s’orienter vers ce qui ne se voit pas, le détail qui change tout et pas seulement s’arrêter à la simple cassure.
Le repère visuel est le premier élément plus facile à repérer, il est plus difficile de trouver les spots sous l’eau sans moyens techniques comme un échosondeur, une canne avec un plomb, ou une perche rigide.
Des postes qui ne sont pas à première vue de bons postes se sont révélés excellent après avoir exploité les fonds sous-marins.
Par conséquent lorsque j’ai repéré plusieurs lieux, il est indispensable de passer à la seconde étape du repérage, l’exploitation en profondeur de ces derniers à l’aide d’un bateau équipé de l’échosondeur. J’emmène avec moi également une perche rigide pour sonder les fonds qui peuvent atteindre les 4,50 m. Si la profondeur dépasse cette profondeur, alors je prends une canne équipé d’un plomb lourd. Quitte à repérer, je le fais le plus précisément possible, il serait dommage de passer à côté d’un détail important.
Le Deeper est aussi très utile lors des repérages. Il suffit d’avoir une canne équipé de ce mini sondeur que vous emmenez partout avec vous. Pratique et peu encombrant, il est alors d’une grande utilité dans cette configuration.
Toutes les informations recueillies sont répertoriées dans un carnet. Auparavant je trouvais cela inutile. C’était une grave erreur car après plusieurs paramètres relevés vous ne vous souviendrez pas de tout ou vous confondrez les relevés qui correspondent aux différents postes. Le carnet est devenu indispensable aujourd’hui surtout pour les nouveaux sites.
Après avoir choisi mon futur poste, je détermine combien de spots je vais pêcher dessus ce qui revient à dire combien de cannes je vais utiliser. Il est important de s’adapter à la configuration des lieux. Je n'hésite pas à réduire le nombre de cannes si nécessaire.
Quand j’ai décidé de pêcher, je sais où je vais placer mes cannes. Bien sûr une adaptation s’effectuera si nécessaire.
Question amorçage, je ne suis plus du tout persuadé qu’un amorçage à long terme est plus productif qu’un amorçage au moment de votre installation. Depuis quelques années, mes ALT n’ont pas été plus productifs que cela. Le comportement des carpes a changé. Encore une fois il faut s’adapter. Il n’existe plus des zones de tenues comme il y avait auparavant excepté bien sûr quelques endroits encore, il y a toujours des exceptions aux généralités. Toutefois un ALT ne sera pas gênant voire bénéfique, à conditions de prendre en compte le courant, les péniches qui brassent les fonds, les poissons blancs et les silures, je vous conseille alors d’amorcer assez copieusement.
Où je prenais du poisson régulièrement sur des zones dites de tenues il y a quelques années, les résultats ont fortement diminué, même constat auprès de mes amis pêcheurs de carpes.
A mon avis il s’agit aujourd’hui plus de zones de passages, des zones de passages réguliers et des zones de passages plus irréguliers, d’où la difficulté de les intercepter et d’où l’importance d’un repérage efficace.
Mon amorçage se fera donc uniquement au moment où je vais m’installer, surtout que mes sessions durent en général entre 4 et 5 nuits. IL VAUT MIEUX PLACER UNE CANNE AU BON ENDROIT QUE MILLE AUX MAUVAIS ENDROITS ! dixit Rod Hutchinson.
Lors de ma dernière session en Seine, sur un nouveau poste, je place 4 cannes à différents endroits tous prometteurs aussi bien les uns que les autres, dont une à la cassure à 3,50 m. Après 48h00 sans résultat, je décide de revoir ma pêche. Une réflexion s’impose à ce moment. Je décide de modifier 2 cannes. Je retourne avec l’échosondeur exploiter plus longuement celle à la cassure. Je m’aperçois que cette cassure est en faîte un plateau d’une longueur d’environ 5 m jusqu’à atteindre une deuxième cassure qui plonge à 4,50 m. Je décide de rester sur ce « plateau » et pose mon montage au bout de ces 5 m. Dans la nuit une carpe rejoindra le tapis. Le passage des carpes se faisaient éloignés des bordures et de la première cassure. Idem la nuit suivante sur ma deuxième canne que j’avais modifié et placé à l’identique mais plus proche de moi.
Il est important de repasser la zone à l’échosondeur une fois en place, et de continuer de « gratter » tout au long de votre session afin d’apporter des alternatives si besoin. N’abandonner pas au bout de 48h00, en seine, tout est possible à n’importe quel moment. Comme je l’ai déjà dit il s’agit souvent d’un poisson de passages.
Maintenant que j’ai mes éléments indispensables pour tendre mes lignes, je vais étudier où je vais installer mon bivouac! Où je vais stationner ma voiture, comment j’achemine mon matériel ? Suis-je en sécurité ? Ce sont des éléments essentiels. Je ne laisse rien au hasard pour ne perdre aucun temps pour ma pêche.
En conclusion, se promener souvent au bord de l’eau, repérage visuel puis repérage bateau avec échosondeur, amorçage ALT ou non. La persévérance et la patience sont aussi une clé de la réussite.
Prendre en considération les saisons, les changements météorologiques, ce qui fonctionnait il y a quinze jours ne fonctionnera pas forcément de la même manière aujourd’hui !!!
Je n’abandonne jamais au bout de 48h00, le poisson peut rentrer sur votre coup au bout de 72, 96 heures ou plus. Même un capot ne doit pas remettre en question votre spot. Un poste en Seine ne se juge pas en une session ou une semaine.
Ici les départs sont violents et les obstacles nombreux. C’est le seul endroit où j’attache mes cannes surtout quand mes montages sont posés à 8 m de ma batterie.
Pour les montages, j’utilise toujours les plus simples quand je découvre de nouveaux lieux. Simples mais costauds. Ceux-ci feront l’objet d’une autre publication.
S’adapter et oser !